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- Bonnejourrr, Madame Lise, je vous attendais…Ah ! Vous avez amené un ami !
La différence de ton entre les deux phrases est évidente aux oreilles de Lise, et elle comprend, elle partage presque la déception qui apparaît clairement dans la seconde.
- Bonjour Amanda, dit-elle avec un petit sourire d’excuse ; voici Philippe, mon neveu ; il a absolument tenu à vous rencontrer…
Son sourire se nuance de malice et d’une sorte de complicité. Amanda hausse les sourcils, considère Philippe avec intérêt, s’efface pour laisser entrer le couple dans le petit salon plongé dans la pénombre.
- Philippe, dit Lise, a beaucoup admiré la robe de Schéhérazade.
- C’est vrai, dit Philippe, sincère.
- Oui, elle est belle, dit Amanda, sans fausse modestie ; et excitante, non ?
Philippe rougit un peu. Les yeux d’Amanda brillent étrangement quand ils se posent sur Lise. Et il y a quelque chose dans cette voix de gorge, un peu rauque, qui lui fait passer un frisson dans le dos. Il regarde plus attentivement la couturière…Belle ? Oui. Mais ce n’est pas ce qui frappe le plus. Belle, mais surtout excitante, comme la robe, la robe qu’elle a dû faire à son image, comme sa voix… « La voix de Lise quand je la pénètre, quand elle jouit ».
- Vous allez bien prendre quelque chose, dit Amanda en se dirigeant vers un buffet.
Philippe la suit des yeux tandis qu’elle s’éloigne, se penche, se redresse une bouteille à la main. Quel corps ! Ce n’est pas le corps de Lise, souple, dur, aux muscles déliés. Chez Amanda, tout est potelé, plantureux, arrondi en courbes douces, voluptueuses. Les seins frémissent sous le corsage décolleté et, quand elle se penche pour verser un liquide doré dans les trois verres disposés sur la table, Philippe peut voir le haut des globes ronds, satinés, aussi blancs que Lise est brune. Son trouble est si évident qu’Amand tourne vers Lise un regard amusé, intrigué, auquel Lise répond par un petit sourire complice.
- Délicieux, ce vin, dit-elle, un muscat, non ?
- Oui, un muscat de mon pays, vous n’en trouverez jamais de pareil dans le commerce. Il vous plaît ? demande-t-elle à Philippe, qui vient de vider son verre d’un trait sans même s’en apercevoir.
- Barbare ! gronde Lise ; ça doit se boire à toutes petites gorgées, du bout de la langue presque.
- Ce n’est rien, dit Amanda en remplissant le verre de Philippe ; ça prouve qu’il avait soif, ce jeune homme.
- Mais venez donc vous asseoir entre nous, dit Lise, en tapotant la place libre sur le canapé de velours rouge.
- Ma foi, bien volontiers, dit la couturière ; toute la journée à coudre, vous ne pouvez pas vous imaginer ce que cela fait mal au dos…Alors, Madame Lise, tout va comme vous voulez ?
Contre sa cuisse, Philippe sent le contact furtif de la cuisse d’Amanda. Il a un mouvement machinal pour se reculer, puis s’interrompt. Pourquoi après tout ? Il ne fait rien de mal et c’est plutôt agréable, cette pression, presque aussi agréable que la chaleur qui se répand, peu à peu, dans sa poitrine, dans son ventre…Ce muscat est réellement un délice.
- Tout va bien, dit Lise, sauf que les vacances se terminent, hélas.
- Alors, on va vous perdre de nouveau, soupire Amanda.
« Formidables, ces Italiennes ! Elles ont l’air de vous dire des mots d’amour même en parlant de la pluie et du beau temps ! Et ces yeux ! Il y a des moments où j’ai l’impression qu’elle n’a qu’une envie : que je lui saute dessus tout de suite ».
- Et vous, Monsieur ? demande Amanda en remplissant son verre une fois de plus.
- J’ai encore quelques semaines de grâce, dit le jeune homme.
- Très bien. Alors j’espère qu’on vous reverra peut-être par ici…
- Les « r » roulent en rafales. Mais cette particularité que Philippe trouverait peut-être ridicule en toute autre occasion, lui semble ajouter encore au charme d’Amanda. D’autant plus que la cuisse, pressée contre la sienne, est, lui semble-t-il, de plus en plus proche et de plus en plus chaude…Ou est-ce le vin, décidément exquis ?
Amanda raconte les vendanges.
- Nous les femmes on regarde par la fenêtre, parce que la fête, c’est seulement pour les hommes…
- Triste ça dit Philippe, avec un coup d’œil qui se veut provoquant.
- Oh, mais, dit Amanda en lui retournant son coup d’œil, nous les femmes on se rattrape après.
Elle pouffe dans sa main comme une petite fille.
- Mais qu’est-ce que je raconte, moi ! Allons faire l’essayage, votre robe est bien avancée. Nous allons dans l’autre pièce, ou alors…ajoute-t-elle avec un regard hésitant vers Philippe.
- Nous allons à côté, tranche Lise ; Philippe a la bouteille pour lui tenir compagnie. Nous, nous allons nous amuser entre nous, Amanda, comme dans votre pays, et si nous avons besoin d’un homme, nous lui ferons signe…
Elles disparaissent en riant, Philippe les suit d’un regard un peu trouble. Est-ce qu’il a rêvé, y avait-il vraiment une intonation particulière dans la voix de Lise, quand elle a prononcé cette phrase ? Et ce clin d’œil qu’elle lui a lancé juste avant de passer la porte !!!Qu’est-ce qu’elles ont à rire, là-bas ? Un comble ! Lise se venge de ce qu’il l’a soupçonnée, suivie. Et maintenant, elle raconte tout à l’autre, sinon pourquoi ces chuchotements, là-bas, de l’autre côté de la porte ?
Philippe se lève furieux, prêt à partir, mais avant, il vide un autre verre, cul sec, fait un pas vers la porte d’entrée, s’immobilise…Pourquoi ne pas essayer de voir ce qu’elles fabriquent à côté ?
Dès qu’elle est entrée dans le salon d’essayage, Lise s’est penchée à l’oreille d’Amanda
- Je ne voulais pas l’amener, c’est lui qui m’a suivie
- Ah ! je comprends, mais qu’il est beau !
- Il te plaît ?
- Oh oui ! Il a tellement envie de faire l’amour qu’on voit qu’il bande rien que dans ses yeux !
- Donnons-lui une leçon.
Lise tend la main vers le corsage rebondi de l’Italienne, presse doucement les seins superbes. Amanda soupire, pousse un petit gémissement qu’elle interrompt aussitôt en ouvrant des yeux effrayés
- Oh no ! il pourrait nous surprendre…
Les yeux de Lise se mettent à briller, ses doigts insistent sur les pointes qu’elle sent durcir. Le souffle d4amanda s’accélère, elle gémit à nouveau sourdement.
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