Monsieur,
Je n’aurais jamais cru cela de vous. Vous vous êtes amouraché d’une jeune vierge dont vous n’arrivez pas à vous défaire. Quelle aventure !
Un homme aussi averti que vous serait-il aussi vulnérable que le premier jeune homme venu ? Remarquez, la chose est, à sa manière, rassurante. La vie est là aussi et les plaisirs que l’on tire d’une petite passion bien maîtrisée ont aussi leur saveur. Mais accepter, comme vous me le racontez, de passer une nuit entière avec elle sans parvenir à la déflorer parce qu’elle ne veut pas « tout de suite » me semble extravagant et, s’agissant de vous, proprement héroïque. Je comprends que votre vigueur. D’abord sans faille, se soit émoussée après plusieurs rebuffades. Avez-vous jamais perdu l’espoir, tout au long de cette nuit, de finir par l’avoir ?
J’avoue qu’en ce qui me concerne j’aurais été pour le moins frustrée et même courroucée. Vous l’avez caressée et elle a joui. Elle vous a pris dans sa bouche et vous a bu. Mais en se refusant ainsi, elle donnait à tous ces jeux un caractère de substitution que je crois difficilement tolérable. Je ne connais qu’un exemple semblable, mais qui s’est terminé autrement. La chose est arrivée à un ami. Je vous la narre.
C’était il y a bientôt dix ans. Jacques, je l’appellerai ainsi pour la commodité, épris comme il n’est pas permis d’une jeune fille sans expérience, décida de passer avec elle sa première nuit. Jusqu’alors, il l’avait rencontrée ici ou là, l’avait caressée entre deux portes ou sur les tapis de son bureau, craignant sans cesse d’être dérangé. Les portes capitonnées de cuir du lieu où il est censé travailler (il est banquier à ses heures perdues) assourdissaient les plaintes et les petits cris d’amour de la belle.
Un soir qu’elle avait pu le suivre, il l’emmena dans la garçonnière d’un de ses amis. Il avait bien fait les choses. Une collation était prête sur la table, une bouteille de champagne avait été mise à rafraîchir dans un seau à glace. La lumière, basse, invitait à l’intimité.
A peine entré, il la pressa contre lui. Elle se laissa aller. Il sentait sa chaleur et le désir monter en elle. Peu à peu, il la déshabilla, avec cette science qui de coutume rend une femme folle et difficilement contrôlable. Son souffle se faisait plus rapide, ses lèvres soudées aux siennes disaient le trouble immense dans lequel elle se trouvait. Maintenant, elle était presque nue.
Jacques l’attira vers la couche ouverte et c’est là qu’elle le dévêtit à son tour. Pour une débutante, l’ordre des vêtements enlevés et le désordre de sa tenue montraient qu’elle était fort douée, ou qu’elle n’en était pas à son coup d’essai ! Mon ami prenait un plaisir inouï à la sentir contre lui, à chercher son corps. Il glissa une main douce et tendre entre ses cuisses, qu’elle n’écarta pas tout de suite. « Ultime réserve, pensa-t-il d’une vierge qui compte les dernières minutes d’une vie qui sera à jamais révolue. » Et, c’est vrai, ce « pas » à sauter n’est pas toujours chose facile ! Il sentait sur sa main l’indubitable effet d’une excitation qu’il pouvait lire dans les yeux de sa compagne. Il introduisit un doigt entre les lèvres de son sexe. La jeune fille poussa un long soupir, se raidit. Jacques sentit qu’il ne pourrait guère aller plus loin. Il lui suça les seins, mordilla le lobe de ses oreilles, lécha son cou, son nombril. Elle ne se tenait plus. De temps en temps il tentait une incursion vers son petit con. Elle mouillait de plus en plus. Il sentait qu’elle relâchait sa vigilance et, qu’excitée par ses attouchements, elle semblait prête à tout. Au bout d’un moment, elle dit même dans un souffle : « J’ai envie de vous. »
(À suivre)
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