Nous étions tous les quatre allongés sur le côté gauche. Ma main gauche et celle de Nicky, que l’on ne pouvait voir puisqu’elles étaient cachées par nos corps, se tenaient tendrement, doigts entremêlés. Comme nous le faisions lors de nos premiers rendez-vous.
C’était drôle de retrouver ces gestes d’amoureux naïfs et un peu timides dans les circonstances où nous nous trouvions à présent.
Notre impudeur aussi ouvertement manifestée donnait une étrange saveur à ces délicates manifestations de notre amour, dont la pureté et la fraîcheur n’étaient en aucune façon entamées.
Tout cela, je le disais à Nicky par des pressions de doigts sur les siens, et je l’entendais répondre par le même truchement, qu’elle aussi m’aimait d’un amour limpide et frais que rien ne saurait ternir jamais.
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Nous serions restés je ne sais combien de temps ainsi l’un près de l’autre et la main dans la main, mais malheureusement, il y avait aussi près de nous deux importuns qui ne comprenaient rien à l’affaire.
Esther et Bob n’étaient guère dans le coup, il faut le dire (entre parenthèse, Bob, c’était plutôt dans le cul qu’il était lui !).
Je dois tout de même reconnaître qu’ils ne nous gênèrent pas beaucoup et ne se manifestèrent qu’au bout d’une heure environ…
Esther voulait retourner à la maison et Bob avait sommeil…
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J’eus la satisfaction de constater de la part de Nicky une certaine froideur vis-à-vis de son mari, comme si elle avait voulu par là bien souligner que son enthousiasme de tout à l’heure était uniquement sensuel et faire en quelque sorte la différence entre le sentiment et la volupté.
Par contre, elle me quitta sur un sourire d’une étrange douceur. Son regard s’était fait tendre et suppliant, merveilleusement amoureux. J’entendis d’une manière très distincte son propos muet…Voici ce qu’il me disait, ce regard :
- Je t’aime, tu le sais ! Tu m’aimes aussi. Ne te fie pas aux apparences ! Excuse-moi pour tout à l’heure. Je m’excite avec Bob, mais je ne l’aime pas. C’est toi que j’ai toujours aimé depuis que je t’ai connu…Comprends le ! Ne désespérons pas, surtout ! Un jour peut-être, nous pourrons nous aimer en paix, et tout seuls, cette fois.
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De retour chez nous, nous ne savions trop quoi dire, Esther et moi. La face du monde avait tellement changé pour nous en quelques heures !
C’est précisément la première phrase que prononça Esther au bout d’un long moment de silence :
- Ce que tout a changé depuis cet après-midi ! J’ai du mal à m’y reconnaître ! Et toi, mon chéri ? Qu’en penses-tu, de tout ce qui s’est passé ? Tu es content, ou bien déçu ?
- Pourquoi serais-je déçu, répondis-je un peu distraitement…Nous n’avons rien fait de terrible au fond. Nous nous sommes mis à poils, nous avons mangé et puis nous avons fait l’amour…Rien de bien sensationnel !
Mais nous avions très sommeil tous les deux, et pas trop envie de discuter. Pour ma part, je pensais surtout à Nicky…Esther de son côté, pensait peut-être à Bob, qui sait ?
Le plus sage était de nous coucher sans plus attendre et de renvoyer les commentaires au lendemain.
A suivre.
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