Lundi 6 décembre 1 06 /12 /Déc 19:12

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Monsieur,

 

 

   Me permettez-vous de vous dire que je ne vous trouve guère loquace ? Qu’en est-il de vous et de vos aventures ? J’ai parfois l’impression que notre correspondance tourne au monologue. Plus je me livre et moins vous donnez de vous- même.

   Ne croyez-vous pas que j’ai moi aussi droit à quelques petites jouissances épistolaires ? Il fut un temps où la simple lecture de vos missives me mettait hors de moi et me contraignait à me caresser aussitôt, tant la « chaleur » qu’elles dégageaient était communicative.

   Si d’aventure notre petit jeu ne vous intéressait plus, n’hésitez pas à me le dire. J’en concevrais évidemment beaucoup de dépit, mais je ne souhaite, en quoi que ce soit, vous importuner.

   Comme en toute chose, et peut-être là plus qu’ailleurs, le plaisir doit être partagé. J’aime être fébrile en ouvrant votre courrier. Je pense qu’il doit en être de même pour vous et je fais tout pour qu’il en soit ainsi.

   Je vous en prie, dites-moi vite ce qu’il en est réellement. Dites-le moi sans détour. Le plus simple, à mon humble avis, serait que vous trouvassiez une petite lettre particulièrement suggestive qui me montrerait que nous nous comprenons toujours.

   En attendant, je ne puis m’empêcher de vous dire ce que j’ai fait hier soir, et qui devrait vous intéresser.

   Suzanne m’avait invitée à venir dîner chez elle, comme elle le fait souvent. Son ton d’une complète neutralité aurait dû me laisser penser qu’elle tramait quelque chose. D’habitude, vous le savez, elle communique force détails sur les personnes que l’on rencontrera chez elle, se laissant aller à son petit côté  « entremetteuse » qui l’enchante. (Ce n’est pas nous qui nous plaindrons de ce que certains considèrent comme un travers !)

   Je me suis donc rendue chez elle à l’heure convenue. Suzanne m’a reçue avec les habituelles effusions d’amitié, m’a installée dans le salon et m’a laissée seule. De toute évidence, ce qui ne m’arrive que très rarement, j’étais la première.

   Après quelques minutes de solitude, trouvant que notre amie mettait décidément bien du temps à finir de se préparer, je me levai et me dirigeai vers le petit meuble tournant dans lequel elle range les derniers livres achetés. J’en pris un au hasard, retournai me rasseoir pour feuilleter l’ouvrage que j’avais choisi. Dès les premières lignes, je tombai sur une prose très leste qui me ravit. Il était question de marquis enrubannés, de fêtes champêtres, de déjeuners sur l’herbe et d’escarpolettes qui faisaient tourner la tête. Il se passait tellement de choses égrillardes que je me plongeai dans cette lecture, oubliant presque où j’étais et ce que j’attendais.

   Au bout de quelques instants pourtant, mon attention fut attirée par des bruits venant de la pièce voisine. On eût dit d’abord des chuchotements, puis je reconnus des rires étouffés. Je tendis l’oreille, intriguée par ces murmures insolites. Mon intérêt redoubla lorsqu’un petit cri poussé par une voix féminine, me révéla, sans l’ombre d’un doute, la scène qui se déroulait de l’autre côté de la cloison.

   Je restai immobile, tentant de ne rien perdre de ce qui se passait. Je retenais mon souffle. Par instants, le silence le plus total régnait. Puis, après de furtifs froissements, je sentais que les ébats reprenaient.

   Cette situation, vous vous en doutez, ne pouvait me laisser indifférente. D’autant plus que je comprenais maintenant qu’il s’agissait tout bonnement d’une provocation de Suzanne. Mue par une force incontrôlable, j’allai plaquer mon oreille contre la porte. Je ne perdais plus une bribe du jeu qui se déroulait.

   Ma main qui avait soulevé ma jupe allait et venait entre mes cuisses. Je ne savais plus ce que je voulais faire : continuer ainsi, prenant un plaisir solitaire à entendre un couple en tain de faire l’amour (et ce n’est pas un plaisir si dérisoire que cela), ou bien céder au désir de me joindre à lui ?

Une fois de plus, ce ne fut pas ma raison qui décida. J’ouvris la porte d’une main tremblante et entrai sans bruit. Suzanne était là, couchée sous un homme qui la besognait avec force. Je ne voyais que son visage, et son regard montrait l’égarement dans lequel la jetaient les coups de reins de son compagnon. Ce fut elle qui m’aperçut la première.

   « Viens, s’écria-t-elle, viens avec nous. Pourquoi as-tu tant tardé à nous retrouver ? N’avais-tu pas compris que nous t’offrions ces joyeux ébats pour te donner l’envie de te joindre à nous ? »

   L’homme, que je n’avais encore jamais vu, me regardait en souriant. D’un geste, il me fit signe d’approcher. Je m’accroupis près d’eux. Il passa sa main entre mes jambes, enfonça un doigt souple dans mon sexe qui n’attendait que cela. Je poussai un soupir. Suzanne dégrafait mon corsage, massant en même temps mes seins que je sentais durcir. Ma peau, électrisée, apparaissait peu à peu et en quelques secondes je fus, comme eux, totalement nue.

                                                A suivre

 

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Par Peter Pan - Publié dans : textes érotiques - Communauté : Hommage à la Féminité
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