Mardi 9 décembre 2 09 /12 /Déc 18:50


   - Alors Philippe ? Toujours plongé dans tes livres ? Je parie que tu n’es pas sorti de l’après-midi ! Grommelle la grand-mère Castres.

   Philippe lui sourit gentiment. Il l’aime bien, cette femme vive et gaie.

-         Si c’est permis de tourner comme ça le dos au soleil quand on est dans ce pays ! Poursuit-elle ; quand les vacances seront finies, tu auras le teint tout blanc, comme une pastèque pas mûre ! Ton père aussi. Tous les mêmes ! Toujours le nez plongé dans vos écritures et qu’il n’en sort que de la bordille ! Si mon pauvre Castres était encore là, il aurait vite fait de vous prendre par les épaules, le père et le fils, et de vous envoyer sulfater la vigne !

-         Mais Philippe est sorti, maman, intervient Lise, sans lever les yeux ; il m’a aidé à cueillir des abricots chez le père Sylve.

-         Ah bon, comme ça, ça va, bougonne la grand-mère ; mais Bernard, lui, il n’a pas mis le nez dehors.

-         Tu sais bien qu’il termine un livre, dit Philippe ; tiens ! Laisse-moi t’aider à mettre le couvert…

-         Un livre, un livre, encore un livre. Quand il aura fini celui-là, il commencera le prochain. Et alors, qu’est-ce qu’il y changera au monde, avec toutes ses phrases ?

   Philippe ne l’écoute plus. Il regarde les vieilles mains noueuses qui disposent les assiettes de faïence sur la nappe, les épaules affaissées sous la serge noire du corsage, le visage creusé, ridé. « Et dire qu’elle aussi a été une femme jeune ! songe-t-il ; et qu’elle aussi a fait l’amour…Est-ce avec ces mains-là qu’elle a caressé le grand-père Castres, est-ce qu’elle s’est assise sur lui, toute nue, comme Lise, tout à l’heure en criant ? » Philippe frissonne un peu. Il n’ose pas aller plus loin, poursuivre cette pensée qui lui répugne et lui fait un peu peur…

   La grande cuisine se remplit d’ombre, peu à peu. Le beau visage de Lise apparaît nettement dans un dernier poudroiement de lumière dorée. « Est-ce qu’elle aussi, un jour aura des rides, des poils blancs et des seins tout flasques ? Est-ce qu’un jour, je ressemblerai au père Sylve, ou au grand-père Castres ? Il faut faire l’amour, vite, beaucoup, il faut faire énormément l’amour pour ne pas se sentir vieillir… »

-         Lise, ma fille, tu te crèves les yeux dans ce noir ! Philippe, allume s’il te plait.

   La lumière chaude envahit la pièce, fait étinceler les chaudrons de cuivre qui pendent au mur, rend plus claires les pierres enfumées de la cheminée. Philippe se sent mieux, regarde autour de lui.  « Mais où donc peut bien être Hélène ? »

   La voici justement qui arrive en riant, le visage tout noir. Jacques la suit de près. Philippe a une bouffée de jalousie.

-         Mais d’où sortez-vous ? s’exclame la grand-mère ; vous avez l’air de deux charbonniers !

-         Ce n’est pas du charbon, ce sont des mûres ! Regardez !

   Jacques brandit triomphalement un grand pot de baies noires. Philippe se sent rassuré. « Ce n’était que ça. Ce sont encore des enfants… » se dit-il, en oubliant complètement ce que des « enfants » - et des adultes – peuvent faire en ramassant des fruits… « Et puis Jacques est un vrai bébé. Tout juste bon à se masturber en regardant les femmes nues ». Et, comme pour se prouver sa virilité, Philippe va s’asseoir à côté de Lise. Elle lui lance un sourire furtif, presque sans lever les paupières, mais elle se penche un peu plus et l’échancrure de son corsage se met à bâiller largement. Philippe revoit les seins bruns qu’il a serrés dans ses mains, tenus dans sa bouche…Il recommence à bander. « Heureusement que je suis assis, pense-t-il ; et dire que je les ai vus dix fois avant, sans qu’elle le sache… Mais maintenant, tout est différent. Je connais leur parfum, leur consistance, leur texture, je sais qu’elle aime qu’on les caresse, qu’on les embrasse, qu’on les suce…Je l’ai entendue gémir de plaisir… » Et, rien que d’y penser, il pousse un soupir qui résonne presque comme un gémissement et fait tourner toutes les têtes. Il n’a plus que la ressource de transformer le soupir en quinte de toux. Lise lui tape dans le dos, de la main droite. La gauche se pose sur son épaule et la serre, relâche sa pression, recommence…

-         Merci, merci, bredouille-t-il, pour la faire cesser.

   Mais elle continue.

-         Mon pauvre Philippe, tu as pris froid dans la citerne du père Sylve. Voilà ce qui arrive quand on vole au secours de dames en péril !

   « Elle se fout de moi ! se dit Philippe, furieux ; pour qui se prend-elle ? Elle m’a eu, oui, mais, après tout, elle en avait drôlement envie ! »

   Il avance un bras pour la repousser, mais elle fait dévier sa main qui se pose sur sa cuisse dont il sent le galbe ferme sous la mousseline de sa robe. « Devant tout le monde, pense-t-il en rougissant ; elle a vraiment le feu au derrière ! Elle ferait n’importe quoi… »

-         Mais tu as le hoquet ! s’écrie Lise, impitoyable ; attends, je sais ce qu’il faut faire. Jacques, mon petit Jacques, apporte-lui vite un verre d’eau.

   Elle lui montre comment boire sur le bord éloigné du verre en se penchant en se penchant en avant et, une fois encore, lui dévoile ses seins et l’inonde de son parfum. Pendant qu’il s’exécute , elle garde la main posée sur son dos, comme pour l’aider à garder la bonne position ; Philippe se relève, très rouge, toussant pour de bon , mais enfin libéré de la bosse

embarrassante qui gonflait son pantalon.

 

 

                                                 A Suivre

 

 

 

 


Par Peter Pan - Publié dans : textes érotiques - Communauté : Sensualité & Simplicité
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Commentaires

voila quelques jours que je n'étais pas revenue lire la suite de ces émois. Cet épisode m'a plu en particulier pour ce parallèle avec la vieillesse. Et puis le toupet de Lyse qui n'en finit plus d'allumer des incendies, j'adore. baisers Armandie
commentaire n° :1 posté par : Armandie le: 27/12/2008 à 00h07
Merci Armandie d'apprécier,j'espère que tu profites bien de ces textes car ils sont là pour échauffer les sens
baisers chauds
réponse de : Peter Pan le: 27/12/2008 à 23h17

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