Le blog de Peter Pan
Monsieur,
Je vous avais invité à me tenter, nullement à m’intimer un ordre. Mais soit ! Une fois de plus, je vous obéirai. D’ailleurs, ne m’y suis-je pas engagée en reprenant cette correspondance ?
Je ne vous promets pas pour autant de demeurer de marbre. J’ai déjà en effet connu une situation analogue que je n’ai guère maîtrisée.
Depuis longtemps déjà, je connaissais un homme dont les manières, l’esprit et le visage m’attiraient follement. Une seule chose m’éloignait de lui, une sorte de superbe que je ne pouvais supporter. « Superbe » est peut-être excessif. Disons qu’il posait sur moi un regard tellement assuré qu’il me mettait mal à l’aise. J’avais l’impression qu’en lui cédant, je deviendrais un jouet entre ses mains, ce que je ne souhaitais point.
Je conçus donc de l’attirer à moi et de tenter de « retourner » la situation à mon profit. Ah ! S’il m’était donné un jour de le tenir à ma merci. Je savais que je pourrais ensuite être à lui avec délice et abandon.
Nous nous rencontrions souvent chez un ami commun. Soirées, repas, discussions sans fin comme je les ai toujours appréciées, dans une ambiance parfois ambiguë qui donnait à ces rendez-vous épisodiques et imprévus un sel que je n’oublierai sans doute jamais. Les vapeurs de l’alcool et la bonne chair aidant, nous nous laissions aller les uns et les autres à des confidences parfois bien imprudentes mais qui réchauffaient le sang et pimentaient ces dîners en ville qui sont toujours des pensums.
Là, chacun se laissait aller, effrayé parfois de ses propres paroles, mais que l’impassibilité apparente des autres semblait banaliser.
J’appris ainsi quels phantasmes animaient les personnes que je rencontrais dans ce cercle. Certains n’étaient pas banals. D’autres, plus courants si l’on peut dire, prenaient toute leur saveur de la façon dont on les racontait ou des anecdotes dont ils étaient le prétexte.
Plus d’une fois, à demi couchée dans un fauteuil bas, je me suis sentie frémir au récit d’une escapade particulièrement risquée ou d’une rencontre digne, dans son genre, de Rocambole.
Je ne me livrais que rarement. Pourtant un soir, surprise probablement par les traîtres effets d’un vieux Vouvray, la tête chavirée, je racontai combien, depuis toujours, je désirais voir un homme se caresser devant moi sans qu’en aucune manière j’aie à intervenir. Je crois, mais comment me souvenir précisément de ce que j’ai avoué ce jour- là, que je donnai à mon auditoire un luxe de détails qui ne tombèrent pas dans l’oreille d’un sourd.
Le lendemain matin, vers onze heures, un livreur apporta un magnifique bouquet de fleurs. La carte qui y était épinglée contenait sous le nom de notre homme, gravé en « Anglaises », cette simple phrase : « Je serai à vous lorsque vous le désirerez. »
Je ne compris pas tout de suite cette allusion sibylline, puis la mémoire me revint…Seule dans ma chambre, je rougis jusqu’au blanc des yeux, transportée par un de ces accès de pudeur qui me donnent presque aussitôt l’envie des plus grands débordements. Il faut parfois mesurer l’ampleur ou le caractère saugrenu de certains de ses désirs pour en profiter vraiment. Ah ! Que le honte et la timidité sont de bons adjuvants de l’amour !
Je ne balançai pas longtemps et envoyai aussitôt un petit mot d’invitation pour le lendemain, avec la précipitation de ceux qui font brûler leurs vaisseaux pour ne point être tentés par la retraite.
A peine ce pli envoyé, je ne vécus plus que dans l’attente de sa venue. Je craignis jusqu’au dernier instant qu’il ne pût différer à mon invitation, qu’un empêchement de dernière minute le retînt loin de moi. Une heure au moins avant l’heure prévue, je guettai le moindre bruit qui eût pu annoncer son arrivée.
A suivre
comme toujours, tu tapes dans le mille et ton analyse est parfaite
Marc est à n'en pas douter un homme pleinement heureux
plei de baisers pour toi Elise et mon amitié à Marc
peter
vite la suite ....
sacrémént gourmande, la voici, mais d'abord des baisers pour toi
peter
Elise vous a confié avec tellement de pertinence ce que j'aurais souhaité vous écrire que je ne peux qu'applaudir!
Bises!
Lilly
vous, tu, si je puis, me l'aurait si bien écrit que je l'aurais lu et déguster avec beaucoup de plaisir
doux baisers
peter
Qua voulez-vous, je deviens paresseuse et j'aime m'associer à ce qui est bien exprimé!
je vous comprends, gente Dame et suis si content de vos visites régulières
je vous baise chastement
peter
Un texte tout en nuances et qui témoigne bien ( s'il était besoin) de la primauté du " mental" dans tout ce qui relève du désir.
L'imagination, la fantasmagorie restent des sources inépuisables pour alimenter et renouveler sans cesse l'Eros et transfuser cette jouissance déjà mentale au plus profond de la chair , dans cette émotion où naît le désir.
Encore faut il oser aller à la rencontre de ses propres fantasmes, encore faut il ne pas les refouler , encore faut il tnter de les vivre ( mais pas obligatoirement tous et pas systématiquement non plus). Ce rendez vous intime avec nos fantasmes ne peut que favoriser une meilleure connaissance de soi .. et de l'autre!
Plein de baisers
Elise